"y'avait une fille à poil dans ton lit la dernière fois. c'est elle que tu vas rejoindre si bien habillée ?"  
stoppée en plein mouvement. statue de sel, poupée de cire. traits grossiers, exagérés, comme ajoutés à la va vite sur mon gracieux minois. ses mots me glacent le sang. tu sais ce que ça fait quand la vie s'arrête? que la terre ne tourne plus - ou alors, beaucoup trop vite pour que la pauvre gamine que je suis le sente réellement? bouche ouverte, yeux écarquillés. tout se bouscule. putain. la dernière fois? quelle dernière fois? putain. elle est venue une fois cette semaine. une fois. et elle est partie à l'aube, comme une voleuse - comme une voleuse, quelle ironie. il ne peut pas savoir. il est trop con pour comprendre. une minute de silence pesant - amusé de son côté - et je retrouve l'air de pétasse parfaitement assorti à ma tenue. tu viens matter dans la chambre de ta sœur maintenant? j’arque un sourcil. attaquer, attaquer, ne pas lui laisser le loisir de penser que je suis en train de me défendre. (une fille à poil dans mon lit. et quelle fille. revoir son corps, nu, dans mes draps. -frisson- revoir sa bouche, son cul, ses seins. imaginer encore ses baisers, ses soupirs, ses toujours.) les images défilent dans mon crâne. manque. sensations exacerbées. à fleur de peau, ma fleur de peau. stop. je reprends mon souffle, mes esprit, mon courage et ma fierté. j'sais pas c'que t'insinues mais 'faut arrêter avec tes fantasmes à deux balles, vieux pervers. ma voix qui part en couille : ça sonne faux. trop faux. pourtant j'sais mentir, j'suis même une professionnelle du mensonge. jordane me regarde en souriant. j'essaie de me concentrer sur les clés qui tintent entre son index et son pouce droits. il ne dit rien. il m'laisse m'enfoncer. encore plus profond. mon sourire hautain a un goût de larmes. monsieur vient d'me balancer à la gueule mon unique faiblesse et j'vais le laisser s'en sortir comme ça. comme un prince. j'ai juste envie de me jeter sur lui et d'lui foutre à terre. de le piétiner. si seulement il savait - il ne doit pas savoir, rien, rien du tout. ET TU CROIS QUOI? j'en veux pas d'tes putains d'clés. j'explose. j'le bouscule en sortant de sa maudite piaule. mes talons claquent sur le sol. sortie ratée, final pourri. rideau. partir. loin. je me retourne en plein milieu du couloir. je serre les poings trop forts. le choc entre ma main et le mur blanc m'arrache un gémissement de douleur. je cogne à nouveau. nerfs à vif, la douleur remonte le long de mon bras et mes doigts bleuissent déjà. connard. connard. va t'faire foutre, connard. bouche fermée, les mots crient à travers mes yeux. je me retourne : il me regarde, il sourit, toujours adossé au chambranle. fier de lui. bien trop fier de lui. je lui péterai bien les dents - et les jambes en passant. mon portable sonne, je réponds. "ben alors, jolie pute, tu fous quoi? on t'attend!" le brouhaha derrière bouffe le reste de ses mots. commande un magnum pour moi, j'vais en avoir besoin. et je raccroche. doigt d'honneur à jordane avant de filer, sourire hypocrite sur les lèvres et poing enflé. pour une nouvelle nuit à faire semblant. et après?

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tu me tues, (v)ivre de tes lèvres.
ne voir plus que toi.
crever quand un autre me touche,
mimer la passion,
gémir pour de faux.
m'enfermer dans ta chambre trop petite et faire comme si tout allait bien. fumer des clopes et te regarder, ne regarder que toi.
putain.
mais c'est pas moi.
je ne suis pas "ça".
je ne suis pas
comme
toi.
tais-toi. ne me regarde pas. tais-toi. ne me touche pas. non. non, je ne t'aime pas.