Le Soleil commence doucement à tomber, l'air à se rafraîchir. Les habitués sont, pour la plupart rentrés, d'autres se trouvent plus loin, guettant la vague,  sur leur planche. Puck est assise sur le sable, presque sèche. Elle écoute les vagues s'écraser violemment contre les rochers bordant cette petite plage sauvage. C'est son nouveau trésor, loin des voitures, loin du bruit. C'est une plage qu'il faut mériter : trente minutes de grimpe entre la caillasse et les arbres secs californiens avant de l'atteindre. Inconnue des simples terriens, on se passe le mot entre potes mais le calme ne dure jamais, elle le sait. Elle sait que dans moins de trois semaines, tous les pseudos surfeurs de la région viendront détruire ce petit bout de terre sacrée. Alors autant en profiter tant qu'elle le peut. Dans son sac, son téléphone affiche quinze appels en absence mais elle s'en balance, ici c'est son coin de paradis, le monde extérieur n'existe pas. Ou presque. Un cri strident s'échappe de l'océan. La jeune femme se lève d'un bond, regarde autour d'elle. Elle est seule. Personne pour lui confirmer qu'elle n'a pas rêvé. Elle décide donc de courir près de l'eau, son cœur bat vite, elle l'aime l'océan mais elle ne sait que trop bien à quel point il peut être traître et redoutable. Après quelques secondes à scruter l'horizon, elle finit par apercevoir un corps flotter dans une combinaison noire. Elle qui avait enfin les cheveux secs... Quelques mouvements lui suffisent à atteindre l'individu et elle réalise qu'elle le connait : c'est Jay. Sans sa planche ? Que fait-il dans l'eau sans sa planche ? Et pourquoi et comment s'est-il retrouvé inconscient ? Elle n'a pas le temps de réfléchir, elle le ramène sur la plage et réussit tant bien que mal à l'allonger sur le dos. Putain ce qu'il est lourd. Elle approche son oreille du visage du noyé pour vérifier qu'il respire puis sent une main sur sa nuque et une langue lui lécher abjectement l'oreille. C'est à son tour de crier. En une seconde, elle se sort de cette étreinte dégueulasse, tombe sur le sable et se relève. Merde ! T'es vraiment qu'un pauvre con ! Crache-t-elle en s'essuyant le visage. Jay se redresse également, hilare. Il est fier de lui. Mais quelque chose vient effacer ce sourire vainqueur de son visage de merdeux : une baffe, le genre de baffe qui te retourne tellement la gueule que tu vois flou quelques instants. Sa plaisanterie n'est clairement pas au goût de Puck. Allez Pucky, avoue tu réfléchissais trop, assise seule comme une paumée. Viens j'ai de quoi me faire pardonner. dit-il tout sourire. Il n'a pas besoin d'en dire plus. Elle sait qu'il parle de weed. Malgré son ton pervers, il ne s'agit que de weed, elle le sait. C'est avec les autres, plus loin. ajoute-t-il. Les autres. Ces jeunes qui ne vivent que pour les vagues que l'océan leur offre. Des surfeurs, des vrais. Pas vraiment riches, peaux bronzées, planches customisées, tatoués, casse-cou(illes), Puck les aime, ils appartiennent à un monde différent. Elle voudrait être comme eux. Après trente secondes de suspense, elle attrape la main tendue de Jay, remplace sa moue par une sourire faussement innocent et se met à marcher en direction du bonheur. Tu cries comme une fillette Jay.

Il la regarde de ses yeux gourmands, son sourire à la con qui dévoile ses dents du bonheur elles aussi à la con, ses cheveux de petite frappe façon jay adams qui encadrent son visage de poupée barbue, ses épaules tannées par le soleil californien, ce cliché d'un coup d'un seul. doucement il approche son visage du sien. pour 100 dolls t'es chaude pour me faire le blowjob du siècle? on m'a dit que tes pipes étaient de loin les meilleures de laguna.  Elle en a entendu des propositions indécentes mais celle-là c'est la première fois qu'on la lui fait. Il a du cran le mec, faut pas manquer d'assurance pour oser balancer un truc pareil et croire que ça peut fonctionner. Elle ne s'écarte pas, plonge ses yeux bleus foncés dans ceux du pervers notoire, leurs deux nez sont à une paire de cm l'un de l'autre. Elle se mord la lèvre inférieure de manière très étudiée, faisant mine de réfléchir. Intérieurement ça la fait marrer qu'il lui dise ça à elle. Elle qui n'a pas ouvert les cuisses pour tout et n'importe qui. Elle qui n'a pas besoin de ses dix doigts pour compter le nombre de mecs qui ont eu droit à ce qu'il appelle les meilleures pipes de Laguna. Mais bon, c'est pas comme s'il avait fait une étude poussée de la question, basée sur des faits et des notes recueillies auprès des riches connards de la ville. Elle a presque envie de lancer un sondage pour savoir laquelle de ses voisines serait la grande gagnante. Bref, elle garde ça en tête pour plus tard. 100 dollars. Mec en plus d'avoir une tête de con, t'es radin. Qu'est-ce qu'on peut acheter avec cent dollars de nos jours ? Elle n'en a pas la moindre idée. Pas une nouvelle planche, ça c'est certain. Elle se rend compte qu'elle n'a vraiment aucune notion de la valeur des choses. Elle ne demande jamais ce qu'elle doit, elle se contente de tendre sa carte. Fille de riche. Quelques secondes passent. Il y croit. Il est sérieusement en train d'imaginer qu'elle réfléchit à la question. Pauvre type, il va pas être déçu. Puck attrape violemment l'entrejambe du californien. Et si on disait que tu m'donnais ces 100 dollars pour t'excuser de ta vulgarité et qu'en échange j'arrêtais de t'écraser les couilles. Hein ? La petite, elle n'a peur de rien et de personne. Quand d'autres auraient pu devenir rougissantes et auraient bredouillé un lamentable petit 'non merci' en s'enfuyant, Puck, elle attaque. Le problème lorsqu'on se croit invincible et qu'on ne l'est pas, c'est qu'on a tendance à se faire avoir. Une fois l'effet de surprise passé, il suffit à l'inconnu de presser fortement le poignet de fillette de la blonde pour qu'elle lâche prise. Elle grimace de douleur mais ses yeux sont emplis de colère. Y a un problème ici ? Le duo tourne en même temps la tête pour mettre un visage sur cette voix grave et profonde. Un homme, la vingtaine bien avancée, regarde notre pervers bien-aimé, les bras croisés sur des pecs impressionnants. Il joue l'intimidation. Le bras de Puck est alors libéré en un rien de temps et le lourdeau s'en va penaud sans avoir eu droit à sa pipe. Désolée, à une prochaine fois peut-être ! Le sauveur, lui, ne bouge pas. Son regard est maintenant posé sur la jeune James. Il attend quoi ? Un câlin peut-être ? Clairement vexée d'avoir eu besoin d'être secourue, Puck est incapable d'éjecter un simple merci. Je m'en sortais très bien toute seule. lance-t-elle tout en passant sa main sur son poignet meurtri. Oui j'ai vu ça. rétorque-t-il narquoisement alors qu'elle s'éloigne déjà.