t'es au mansion. une meuf que tu ne connais pas commence à te regarder méchamment. voulant te la jouer dure à cuire, tu ne baisses pas le regard. elle finit par se lever, énervée, en te demandant ce que tu veux tout en te traitant de pute et en t'énumérant la liste de tous tes mecs. tu fais quoi et surtout ça se finit comment?


Accoudée au bar, tu sympathises avec un illustre inconnu qui a l'air pété de thunes (tu l'as directement remarqué à ses fringues et sa façon de se tenir, arguments valables pour pouvoir t'approcher de lui). Tes longs cheveux ruissellent sur tes épaules et dans ton dos et ton cou blanc est parfumé d'une fragrance délicate. Tous les deux, vous riez à des choses futiles et totalement dénuées d'intérêt. En réalité, tu ne te posais pas de questions, te contentant simplement de profiter de l'instant présent. De plus, l'alcool qui flottait dans ton corps te rendait un peu moins maîtresse de tes paroles et de tes actes. Depuis que t'es arrivée tu sens le regard d'une fille glisser sur toi (encore une jalouse). Tu finis par planter tes grands yeux bleus maquillés à outrance dans les siens, la défiant clairement du regard. Elle a comme une moue dégoûtée sur sa face qui ne te plaît pas du tout. Tu fronces les sourcils, tout en continuant d'alimenter inutilement ta discussion avec le type qui t'assomme de compliments. Puis soudainement la fille a l'air complètement énervé, elle se lève brusquement et marche d'un pas soutenu vers toi, ses gros nibs remuant dans tout les sens. Ta moue méprisante achève de la foutre en colère. ''T'as un problème grosse pute ?'' Le gars avec qui tu parlais s'éclipse pour changer d'interlocutrice et tu te retrouves seule face à cette furie qui t'insulte. T'as un moment de doute, tu sais pas si tu dois l'insulter à ton tour (sachant ta répartie plutôt limitée) ou bien te lancer dans un discours à peu près intelligent. ''Pardon ?'' tu demandes, avec l'air de la fille qui comprend pas ce qu'il se passe. ''Ouais tu veux que je te rappelle tous les mecs qui te sont passés dessus peut-être ?'' T'as même pas le temps de répliquer qu'elle commence à citer une liste de prénoms dont tu ne connais pas la moitié, ce qui t'inquiète un peu car tu ne sais pas si elle a raison ou si elle invente tout. Des regards glissent sur vous et tu te sens fixée. D'habitude tu apprécies être sous le feu des projecteurs mais là c'est tout le contraire, t'aimerais plutôt aller te planquer à l'ombre de cette curiosité malsaine qui t'étouffe. Incapable de répliquer quoi que ce soit, tu ouvres la bouche pour former un oh ! Tu pousses finalement la dondon devant toi. Elle recule et trébuche sur ses talons de vingt centimètres, s'écrasant dans un cri ridicule. Tu laisses échapper un rire totalement perfide et tu la vois écumer de rage par terre alors que toi tu l'éclabousses de toute ta splendeur. Elle se relève, honteuse, toi tu la toises avec ce sourire victorieux qui te va si bien. Tu vois la rancune et la haine illuminer ses yeux fous. Elle continue son torrent d'insultes, crache sur ta poitrine invisible, dégoulinante de rage. Tu la fixes, choquée. Vous commencez à vous battre comme deux gamines ridicules sous les rires amusés de toute la foule, elle te tire les cheveux et tu pousses des cris de douleur. Vous vous tordez vos chevilles sur vos talons démesurément grands. Toi t'as envie de chialer parce que t'as mal un peu partout, tu te fais humilier par cette pauvre fille. Finalement, des types sensés viennent vous séparer. Effarée, les yeux ébahis, ton mascara coule avec tes larmes sur tes joues poudreuses.
Planquée dans les toilettes, tu arranges ton apparence tant bien que mal, t'as pas réussi à rester fière comme tu le fais si bien d'habitude. Tu trembles – de colère, de douleur ou de peur, tu sais pas. Tu penses au lendemain et aux jours d'après, à tous les regards moqueurs qui vont glisser sur toi et qui vont se planter dans ton corps comme des couteaux. Tu frissonnes, considère une dernière fois ton reflet dans le miroir. Tu te brosses les cheveux, prends une profonde inspiration. Tu sors des chiottes et tes yeux inquisiteurs se posent sur la trouble-fête, elle te regarde en se marrant. Tu déplies tes deux majeurs vers elle, souris et sors du mansion, la tête haute, la posture droite, fière.