Et toi t'es là, aguiché au bar, à la soirée censé être la plus palpitante de tout laguna. Tu regardes étroitement ton petit groupe d'amis, tu as encore mal tiré à la courte paille, tu es obligé d'aller payer la prochaine tournée. T'attend, t'attend et t'attends. T'en a marre d'attendre le barman qui a disparu de l'autre côté de son trône. Et eux ils s'amusent, du moins ils rigolent entre eux, y'a ça à faire. Heureusement qu'ils ont de bons cocktails, car même la musique est dégueulasse, acide et lui pique les oreilles. Ils sont beaux eux. T'as l'impression de lire de la joie sur leur visage, certainement une chimère, mais tu n'as plus que ça à imaginer. Tu n'as plus que ça pour t'accrocher. Tu passes tes mains fébriles sur ton cou, tu le caresses. Tu caresses une partie de ta peau douce, l'autre partie avec une barbe de trois jours. T'auras bientôt la corde au cou. T'auras bientôt un flingue sur la tempe ou au fond de ton gosier. Tes yeux s'électrisent, les lasers te brûlent les cornées. Ça laisse des taches d'encre sur tes iris. C'est pratiquement aveuglant l'espace d'un instant avant de revoir des lueurs distinctes, c'est un battement, un roulement, le tic tac d'une pendule. Tu te retournes brusquement, on t'adresse la parole, tu es persuadé que c'est le branleur de serveur mais c'est un tout autre homme. Carrure et des yeux perçants, percutants, il ouvre légèrement ses lèvres en contrastant avec une voix forte pour que tu puisses l'entendre. « pour 100 dolls t'es chaud pour me faire le blowjob du siècle? on m'a dit que tes pipes étaient de loin les meilleures de laguna ».
Tes sourcils se froncent, tu ne sais même pas quoi pensée. Il détourne le regard une dernière fois sur ses amis avant de replonger dans celui de l'inconnu. T'essayes de le percer du regard, tu sais que tu es seul ici, aucune raclure, aucune balance.T'es juste seul, t'es pas sur sunset boulevard. T'es pas née au derck. T'es pas dans ta forteresse ici. Il n'est pas censé savoir ce que tu fais. Tes yeux plongent ailleurs, ils se ferment. T'aimerai t'enfuir, la porte arrière est grande ouvert. Cours putain, ne le regarde même plus. Stupide, t'es vraiment con. « comment t'es au courant pour ça ? »
Tu n'attends même pas de réponse, tu n'en veux pas. Les informations ont circulé c'est tout. Un de ces potes a dû vider ses couilles sur toi. Puis t'essaye de réfléchir un instant. Tu repenses à l'engrenage que tu t'es créé, tu repenses à la merde où tu es, à quel point t'es embourber à laguna, à quelle point t'es pieds sont coincés dans son ciment et dans ses rochers. Ta tête est balancée contre la chaleur écrasante de la soirée, une tempête de sable qui se déchaîne.Tu le respires le putain sable, ces cristaux qui s'infiltrent dans tes poumons. Et t'engouffre ta respiration, te ronge la cage thoracique. T'as la respiration complètement saccadée. Putain, il te promet un benjamin, t'as même as à réfléchir, si tu ne fais aucun client t'es dans la merde. Si tu ne fais aucun client t'es dans la grosse merde. C'est le double de ce que tu demandes. 100 dollars quoi. Tu rouvres tes yeux et tu les plongent profondément dans les siens, encore bien plus loin que permit. Tu dois passer pour maître. Tu passes ta main sur sa joue, c'est ton signe de reconnaissance. Tu n'as pas un seul sourire, tu fais uniquement ce qu'ils veulent. « ne réponds pas, tu préfères dans les chiottes ou on va ailleurs, moke ? »

Il te prend la main, son sourire affligeant. Ce n'est plus qu'un enfant. Il te traine le long du Bar, il te bouscule un peu, il est brute dans ses mouvements. Beaucoup trop. Il te presse même trop fort le bras. C'est un enfant sauvage. T'essayes de le rendre attirant à ta vision. T'essayes juste un instant de penser que ce n'est pas pour le pognon. T'essayes si fort que ça te forme des crampes à l'estomac, tu sens un goût légèrement amer dans la gorge. Tu n'as pas peur, mais c'est cette toujours et même appréhension avant de devoir enfoncer son attribut dans ta gorge. L'enfant sauvage est vraiment stocked. À le regarder il n'aurait jamais baisé de sa vie. T'as de la chance de sentir la booze te monter au cerveau. Les chiottes sont fins dégueulasses. Tu ne regardes à peine devant toi. Il commence déjà à enlever sa braguette avant même de fermer la porte. « tu payes avant ». Il souffle, il sort son portefeuille avant de sortir son engin. « t'auras l'autre moitié après, dude » et t'as à peine le temps de mettre le billet dans la poche, qu'il presse déjà ses mains musclées sur ta tête pour aller visiter son anatomie qu'il vient d'engendrer fiévreusement, du mastoc. Tu fermes les yeux, t'as pas envie de voir ce que tu fais. Tu n'as pas envie de voir ta fierté encore se faire pénétrer. Tu penses uniquement à ton père. Cet enculé.